[Lecture libre] Mon fils,
Le jour où le médecin a diagnostiqué ta trisomie, mes yeux
se sont remplis de larmes, mon cœur s’est brisé comme du verre. J’ai eu peur.
Tellement peur. Pas un moment je n’ai cessé de t’aimer, pas un instant je n’ai
cessé de penser à toi. Mais j’ai eu peur pour toi. Comment grandirais-tu ?
Est-ce que tes petits camarades à la maternelle seraient gentils avec
toi ? Comment pourrais-je t’aider à avancer dans la vie ?
Aujourd’hui, j’ai ces réponses.
Tu es grand, maintenant, tu veux être indépendant. Ce n’est
pas facile tous les jours, tu pleures parfois. Ils ont peur de ceux qui ne leur
ressemblent pas, ils ne font pas d’efforts. Ils te disent que tu es différent,
ne te donnent aucune chance de t’exprimer. Ils te regardent comme un enfant
sans te laisser la chance de leur montrer que tu es plus que ta différence.
Même à 40 ans, pour eux, tu seras toujours un enfant. Ils croient que tu
ne pourras rien accomplir, ignorent ce que tu vaux. Ils te disent beaucoup de
choses, elles ne sont pas toutes agréables. Tu as mal, tu ne comprends pas
pourquoi on est aussi dur envers toi. N’es-tu pas comme les autres ?
T’aurions-nous menti ?
Non.
Tu es un enfant, certes, mais mon enfant à moi. Ce qu’ils ne
savent pas, mon fils, c’est que tu es un homme comme tous les autres, avec des
rêves, des projets, des réalisations. Ce qu’ils ne savent pas, c’est que tu
peux tout faire. Tu peux aller loin. Et tu iras loin. Je ne laisserai personne
te rabaisser, te faire croire que tu n’es pas capable. Les obstacles se
trouvent dans leur esprit étroit. Non dans le tien. Tu as le monde à tes pieds.
Le ciel est ta limite.
Tu seras qui tu voudras, mon fils.