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📍 J'ai tendance à ne pas être tendance
Quand on grandit entre pays et cultures qui ne sont pas les nôtres, on apprend à s’adapter. On sait s’adapter, s’intégrer, se créer de nouvelles habitudes. 
Il existe pourtant un domaine dans lequel mon cerveau nomade refuse de collaborer : les tendances éditoriales. Je suis incapable de suivre la mode, je suis toujours à contre-courant et ce n’est pas fait exprès. 
Du tout.

J’expérimente. 
J’expérimente beaucoup, j’aime ça. J’aime varier les genres et les styles, les tropes et les tons, j’aime tester de nouvelles façons de raconter des histoires. 
J'ai déjà écrit au présent et au passé.
J'ai déjà écrit à la première, à la deuxième et à la troisième personne.
J'ai déjà écrit des tragédies et du paranormal qui m'ont épouvantée jusque dans mes cauchemars.
J'ai déjà écrit des romances dégoulinantes de guimauve (et je ne peux pas dire que c'était uniquement pour équilibrer mon karma).
Par contre, j'ai essayé d'écrire un thriller. Ça n'a pas marché.
J'ai essayé d'écrire une comédie romantique. J'ai pleuré pendant la moitié du truc.

J'essaie de me renouveler tout en étant moi. Parfois ça marche, parfois ça ne marche pas, mais je continue d'expérimenter, je me donne toujours de nouveaux défis. Parce que j’aime ça. Et parce que je trouve, en tant que lectrice, ce n’est pas très amusant de relire sans cesse la même histoire par le même auteur. Et si je m’ennuie, je ne veux pas que mes lectrices en pensent autant à mon sujet.

J'ai des dizaines de manuscrits qui prennent de la poussière dans mes archives. Ils attendent depuis dix ans que je m'en occupe et je suis parfois découragée. Parce que même si je continue d'aimer ces histoires, je sais qu'elles ne sont pas dans la vague et je sais que les éditeurs qui m'intéressent n'en voudront pas. Comme je ne veux pas être publiée à tout prix, je les laisse là.

On dirait qu’il faut être tendance pour se faire une place, pour être lue. Et je veux être lue. Je veux que mes lectrices soient touchées par ce que j'écris. Je veux faire sourire ou pleurer, voire les deux. (Rire, je ne suis pas sûre, je ne suis pas très douée quand j'essaie de le faire consciemment...)

Je n'avais pas de vampires quand la mode était aux vampires (je n'en ai toujours pas).
Je n'avais pas de loups-garous quand la mode était aux loups-garous (j'ai des métamorphes cent ans plus tard).
Je n'avais pas de play-boy millionnaire quand la... Non, pardon, le playboy milliardaire est toujours à la mode. Mais si j'ai un playboy, il n'est pas riche, et si j'ai un héros riche, il n'est pas forcément playboy. (Zut.)
Je n'avais pas de romans à cochoncetés, et malgré l'origine de mon prénom, je n'en ai toujours pas. (Il faut vraiment que je fasse quelque chose à ce sujet. I need closure.)

Et c'est frustrant.

C'est frustrant parce que je veux être lue.

Quand tu ne fais pas partie de la clique, tu te sens la cousine pauvre, celle qui reste sur le banc de touche pendant que les autres avancent. Et tout le monde se tourne vers la clique en ignorant les autres.
C'est frustrant, mais attention, je comprends à 100 %. Quand on trouve un genre qu'on aime, notre tendance naturelle est de chercher d’autres textes dans ce genre. Quand je lis de l'urban fantasy, Zeus Tout-Puissant, je ne lis plus que de l'urban fantasy pendant tout un mois, j'enchaîne les tomes d'une série, je dévore, je ne veux plus que ça.
Donc oui, oui, je comprends, mais c'est compliqué quand on est romancière et qu'on n'a pas autant de « piquant » dans ses histoires, qu'on est parfois trop dans le contemplatif, qu'on est nulle en action et rebondissements... (J'ai tellement de rebondissements dans ma saga fantasy que j'ai l'impression que ma réserve s'est asséchée façon Aral...)

Je ne suis pas différente parce que j'aime être différente, je n’arrive juste pas à recalibrer mon cerveau. J’ai donc deux options : soit les prochaines tendances me sont favorables (lol), soit je fais de mon mieux pour me faire un nom dans la marge. 

Je veux juste me faire ma petite place, la mienne. Je veux être lue et qu’on reconnaisse mon « moi » entre chacune de mes lignes. J'aime l'idée que même en écrivant deux textes totalement différents  (Les Yeux de Léon et La Treizième Concubine, par exemple), on puisse me reconnaître.

S'il n'y a pas de place pour moi, alors je vais me la créer.
Et s'il faut une case qui n'existe pas (encore), alors je vais la construire.

L'échec serait de baisser les bras et je ne baisse jamais les bras. Pendant une journée, quelques jours, peut-être, mais jamais longtemps. On dit souvent tomber sept fois et se relever huit, Zeus, je suis tombée trouze mille fois, déjà !

Et en me relevant, encore, j’ai créé un comité de bêta-lectrices qui m’aideront à travailler cinq manuscrits que je compte soumettre d’ici l’année prochaine. Je ne gommerai pas celle que je suis, mais je suis sûre qu’avec cette équipe de choc, je pourrais donner le meilleur de moi-même.

Parce que je veux ma place, et je dois créer ma place, et je vais prendre cette place à coups de révisions.
Parce que je veux être lue.
Je veux exister dans la mémoire des lectrices.
Je veux qu'on me choisisse, non pas par défaut, mais par envie.
Je veux qu'on me dise « hé, il y a de la place pour des gens comme toi ».
Je veux que Littlejohn Léon, et les autres, aient plus de visibilité. Parce qu’on les croise peut-être sans le savoir.
Et tu connais déjà mon amour pour ces héros de la vie de tous les jours, qu'on peut croiser dans la rue, dans une supérette ou dans le tram. Nous sommes peut-être ces héros, discrètement derrière nos écrans, et nous méritons nos propres histoires d'amour. Même sans le sou.

Je veux être lue.
Est-ce que tu me liras ?

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